Juridique

Maison écologique : vivre mieux en consommant moins 

Par Daphnee Beraux

28.06.22  5 min.

Maison passive, positive, bioclimatique ou BBC : petit tour d’horizon des maisons écologiques. Une tendance qui prend racine : chaque année, 7 000 à 9 000 maisons de ce type sont construites en France. Une bonne nouvelle pour la planète. Et pour nos économies. 

En cette chaude journée de juin, le thermomètre frôle les 40 degrés. Pas de quoi faire paniquer Xavier et Marie, son épouse. Depuis trois ans, ils sont les propriétaires d’une maison passive bâtie en lisière de forêt, à moins d’une heure de Lille (Nord). Ici, pas de chauffage, ni de climatisation, mais une température idéale toute l’année. “On a choisi d’avoir 21 degrés au rez-de-chaussée et 20 degrés dans les chambres, hiver comme été. C’est en se basant sur cette température-confort que l’architecte a pensé notre maison”, explique le couple. 

Le nombre d’occupants est essentiel dans ce calcul. On estime en effet qu’une personne dégage en moyenne 100 KW d’énergie. Un peu plus pour les enfants. Les éclairages et les appareils électroménagers sont eux aussi sources de chaleur. Le reste des calories est apporté… par le soleil, tout simplement. Les grandes baies vitrées orientées plein sud permettent donc d’engranger de l’énergie naturellement, même les jours plus frais. Triple vitrage, murs trois fois plus épais qu’une construction classique et matériaux bio-sourcés complètent le tout. Les Nordistes ont opté pour de la ouate de cellulose et de la laine de bois mais “tout peut s’avérer être un bon isolant, bio ou pas”, avouent-ils.

Leur maison fonctionne ensuite comme un thermos : super isolée et étanche à l’air, elle garde la chaleur emmagasinée tout au long de la journée. Des ventilations mécaniques contrôlées (VMC) installées dans toute la maison permettent en outre une ventilation continue et un renouvellement d’air sans perte de calories. Une maison passive comme celle de Xavier et Marie consomme en moyenne 15 kWh/m2/an. C’est presque cinq fois moins qu’une maison active. 

Le saviez-vous ? 

En France, les bâtiments résidentiels et non résidentiels représentent 42% de la consommation énergétique nationale. Le BTP est aujourd’hui responsable de l’émission de 130 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Derrière le transport et l’industrie, ce secteur est donc le troisième plus polluant de France. 

Maison écologique : à chacun son modèle

La maison passive est l’un des types de maisons écologiques proposées en France, aux côtés des maisons BBC (bâtiment basse consommation), des maisons bioclimatiques et des maisons positives (BEPOS). Selon le modèle choisi, comptez un budget de 1 500 €/m2 à plus de 3 500 €/m2. Un investissement rentabilisé en trois ans en moyenne. Là encore, tout dépend du type d’habitat que vous aurez choisi. Surtout, une maison éco-conçue permet de réduire considérablement votre empreinte carbone : le rejet de CO2 d’une maison écologique représente 0,1 % des émissions d’une maison classique. Moins nocifs pour l’environnement, les matériaux sélectionnés pour ce type de construction sont également moins toxiques pour notre santé. Tout bénéf’ donc ! Pas étonnant que les Français soient toujours plus nombreux à se laisser tenter. On estime qu’entre 7 000 à 9 000 maisons écologiques sont construites chaque année en France.

Le saviez-vous ? 

Le chanvre est-il le matériau de demain ? Sans doute. Sa culture rapide et facile ne nécessite en plus que très peu d’eau et aucun pesticide. Mélangé à de la chaux, le chanvre peut se transformer en béton ! Il peut être utilisé à la fois comme isolant, béton, enduit, et même en panneaux de construction. Un vrai couteau suisse ! Il a enfin l’avantage d’être léger, durable, solide, facile à travailler et se révèle être un excellent isolant thermique et sonore. Un dernier argument pour la route ? Cette plante a un cycle de vie court : de la graine à la récolte, il se passe moins de 120 jours. C’est donc l’un des matériaux le plus rapidement renouvelable au monde !

Quelles aides pour une maison écologique ? 

La France fait partie des pays qui se sont engagés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Avec la promulgation de la loi no. 2015-992 du 17 août 2015 concernant la transition énergétique pour la croissance verte, la promotion de l’habitat écologique a été formellement lancée dans le pays.  Cette loi mentionne que la France promet de construire et rénover son parc immobilier dans le respect des normes de bâtiment basse consommation d’ici 2050, grâce à la mise en place d’une politique de rénovation thermique des logements, y compris ceux des foyers modestes. Pour réussir ce pari, différentes aides sont proposées aux particuliers désireux de faire construire ou de rénover leur logement en tenant compte des normes d’éco-construction. 

  • L’éco-prêt à taux zéro aussi surnommé « PTZ travaux » vous permet de financer les travaux d’un logement pour améliorer sa performance énergétique. 
  • La taxe foncière est exonérée pour les maisons labellisées BBC pendant au moins cinq ans. Attention toutefois, cela dépend de la politique de la ville à laquelle est rattaché le logement. Pensez bien à vous renseigner au préalable.
  • Le prêt ou crédit travaux est un financement proposé par les banques pour réaliser vos travaux. Il existe trois types de prêts : le prêt affecté, le prêt personnel ou le prêt immobilier.
  • Le bonus de constructibilité consiste en une autorisation d’augmenter votre surface constructible jusqu’à 30% si vous respectez les conditions de bonne performance énergétique et environnementale notamment. 
  • Deux ans après la construction de votre logement, vous pouvez bénéficier d’un Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE) et d’une TVA réduite.
  • Enfin, les collectivités locales proposent elles aussi des aides. Vérifiez auprès de votre conseil régional, département et communauté de communes.

L’éco-construction, un phénomène de mode ? 

Pas vraiment. Car contrairement aux idées reçues, le terme éco-construction ne date pas d’hier. C’est dans les années 40 qu’il est évoqué pour la toute première fois. Le phénomène est alors à la marge et reste l’œuvre de quelques rêveurs qui construisent leurs propres maisons en pleine nature, avec des matériaux déjà bio-sourcés (bois, paille, chanvre…). Il faut attendre la fin des années 60 pour que le concept de maisons écologiques gagne les grandes villes. Trente ans plus tard, en 1994, la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) voit le jour en France. Elle est la base des normes actuelles de construction écologique.

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